Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185

d’autant plus qu’au froncement de ses sourcils, le ciel se couvrit tout à coup d’un voile plus obscur, et qu’au moment où il secoua la tête, il y eut un roulement de tonnerre dans l’espace.

Mais, quelques minutes après, son visage devint si calme et si bienveillant que le vieillard oublia sa première terreur. Néanmoins, il ne put s’empêcher de songer que ce voyageur n’était pas un homme ordinaire, malgré ses humbles vêtements, et bien qu’il allât à pied. Non pas que Philémon supposât que c’était un prince déguisé ou tout autre grand personnage ; il songeait plutôt à quelque docte philosophe qui parcourait ainsi le monde, sous l’apparence de la pauvreté, méprisant les richesses et le luxe, et qui cherchait dans ses voyages à augmenter ses connaissances. Cette idée frappa d’autant plus Philémon, que, lorsqu’il levait les yeux sur l’étranger, il lui semblait voir dans un seul de ses regards plus de pensées que lui-même n’aurait pu en concevoir pendant une longue vie.

Tandis que Baucis activait les préparatifs du souper, les deux inconnus se mirent à causer familièrement avec leur hôte. Le plus jeune était un grand parleur et faisait des remarques si pleines de malice et d’esprit que le bon vieillard ne cessait d’éclater de rire, et déclarait que c’était le plus amusant de tous les hommes qu’il avait jamais rencontrés.

« Mon jeune ami, dit-il, quand ils commencèrent