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siasmé de sa beauté, et réfléchissant à la liberté dont cet être avait joui jusque-là, il ne put supporter plus longtemps de le garder prisonnier.

Cédant à cette généreuse impression, il ôta la bride qu’il avait mise à l’animal.

« Sois libre ! lui dit-il. Va-t’en, Pégase, ou reste par amour. »

À ces mots, le coursier ouvrit de nouveau les ailes, et, prenant son essor, disparut aussitôt dans les nuages. Longtemps après le coucher du soleil, le crépuscule voilait le haut de la montagne, et les ténèbres ensevelissaient tout le pays environnant. Mais Pégase s’était élevé à une hauteur si prodigieuse qu’il retrouvait les rayons de l’astre éteints pour la terre. Un trait lumineux ne cessait de le frapper, et d’en bas le faisait briller comme une étoile. Bientôt ce point lumineux finit par ne plus être visible. Bellérophon avait bien peur de ne plus le revoir. Pendant qu’il se lamentait de sa folie, le point éclatant reparut dans le ciel, grandit et vint atteindre la ligne que n’éclairaient plus les reflets du couchant. Et voilà Pégase revenu ! Après cette épreuve, notre héros n’eut plus de crainte de le voir tenter de s’échapper. Tous deux s’aimaient. Un même lien de foi et d’amour les avait réunis.

Cette nuit-là, ils dormirent l’un à côté de l’autre, Bellérophon le bras autour du cou de Pégase, non par précaution, mais par un mouvement affectueux.