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Lycie remarquables par leurs pics escarpés et par leurs vallées ténébreuses. Si notre héros était bien informé, c’était dans ces lieux sinistres que le monstre avait choisi son antre.

Ils étaient donc arrivés au terme de leur expédition. Le groupe ailé profita de l’obscurité de quelques nuages qui flottaient sur les monts ; ils couraient sur cette masse vaporeuse comme sur une voûte solide. Bellérophon arriva à l’extrémité d’un de ses bords, et de là, plongeant ses regards vers la terre : il vit distinctement des montagnes, en même temps que de sombres vallées ; des rochers à l’aspect sauvage et désolé, des gouffres et des précipices ; dans la partie un peu moins accidentée des environs, quelques ruines de maisons brûlées, quelques débris sanglants de bestiaux, épars çà et là dans les prairies desséchées.

« Ce doit être l’œuvre de la Chimère, pensa Bellérophon. Mais où peut se trouver sa caverne ? »

Il ne voyait rien au fond des vallées et des précipices ; rien, à l’exception de trois colonnes de fumée noire, qui semblaient, sortir d’un antre, et qui s’élevaient lentement dans l’atmosphère. Avant de parvenir au sommet de la montagne, ces trois tourbillons se réunissaient pour n’en former qu’un seul. La caverne était située juste au-dessous du point d’observation, à environ mille pieds. La fumée, en s’infiltrant lourdement dans les couches