Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
239

supérieures, dégageait une odeur sulfureuse et suffocante qui fit renâcler Pégase et éternuer Bellérophon. Le premier, habitué à n’aspirer que l’air le plus pur, fut si désagréablement atteint par cette exhalaison, qu’il agita ses ailes et partit comme un trait à une demi-lieue du point infecté.

Cependant, en s’inclinant en arrière, Bellérophon aperçoit quelque chose qui l’engage à tirer la bride et à faire revenir Pégase sur ses pas ; il presse les genoux, et le merveilleux animal descend dans l’air jusqu’à, ce que ses pieds soient à une très-petite distance du fond de la gorge rocailleuse. À un jet de pierre était l’ouverture de la caverne. De là s’échappaient trois colonnes de vapeur noirâtre. Et vous devinez ce que vit ensuite Bellérophon !

On eût, dit un assemblage étrange et terrible de bêtes hideuses repliées les unes sur les autres, dans l’intérieur de l’excavation. Ces corps étaient enlacés au point qu’ils se confondaient aux yeux de Bellérophon ; à en juger par l’aspect des têtes, l’une devait appartenir à un immense serpent, la seconde à un lion féroce, et la troisième à un ignoble bouc. Le lion et le bouc sommeillaient ; le reptile seul était éveillé, et ouvrait une paire de grands yeux où se peignait une odieuse circonspection. Il était évident que les trois spirales de fumée sortaient des narines de cette triple tête ! Ce spectacle était si étrange que, bien qu’il y fût préparé depuis long-