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puis s’étaient livrés à leur régal avec une joie bruyante. C’était vraiment une délicieuse petite collation. La fête une fois terminée, aucun d’eux ne se sentit disposé à s’éloigner.

« Nous allons nous reposer ici, dirent plusieurs enfants, et, pendant ce temps-là, notre cousin Eustache nous racontera quelqu’une de ses jolies histoires. »

Le cousin Eustache avait le droit d’être aussi fatigué que ses jeunes camarades, car il avait exécuté nombre de tours de force dans cette matinée mémorable. Dent-de-Lion, Pâquerette, Primevère et Bouton-d’Or étaient presque convaincus qu’il avait des sandales ailées semblables à celles que les Nymphes donnèrent à Persée : car l’écolier s’était bien souvent trouvé au faîte d’un noyer, au moment où chacun le croyait encore à la place qu’il venait d’occuper. Et quelle averse de noix il avait fait pleuvoir sur leurs têtes ! si bien que leurs mains et leurs paniers suffisaient à peine à la récolte. En un mot, il avait déployé la vivacité d’un écureuil ou d’un vrai singe ; et, s’étendant à présent sur les feuilles jaunes, il semblait préparé à prendre un peu de repos.

Mais les enfants n’ont ni pitié ni merci pour la fatigue des autres. Il ne vous resterait plus que le dernier souffle, qu’ils vous demanderaient encore de le leur sacrifier en leur contant une histoire.