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tune, que son palais n’était plus assez grand pour le contenir. Plein d’enthousiasme, il descendit de son appartement, et sourit de satisfaction en observant que la balustrade de l’escalier s’était métamorphosée en or bruni, à mesure que sa main glissait sur la rampe. Il leva le loquet de la porte (naguère de simple cuivre, mais transformé comme le reste au premier contact de ses doigts), et courut à son jardin. Il y trouva une grande quantité de roses en pleine fleur, et d’autres à moitié épanouies ou en boutons naissants. Leur parfum embaumait la brise du matin. Il n’y avait pas au monde de nuances plus délicieuses et plus agréables : tant de grâce, de modestie, de tranquillité et de charme, paraissait à la fois s’exhaler de ces roses !

Mais Midas savait un moyen de les rendre beaucoup plus précieuses à ses yeux, et il s’empressa de courir de rosier en rosier, exerçant son don magique avec une activité infatigable ; jusqu’à ce que chaque fleur, chaque bouton, les vers même cachés au sein des corolles, fussent changés en or. Pendant qu’il se livrait à cette occupation, le roi Midas fut appelé pour déjeuner, et, comme l’air vif du matin lui avait ouvert l’appétit, il se hâta de rentrer au palais.

Je ne sais pas positivement en quoi consistait, à cette époque, le déjeuner d’un roi, et n’ai pas le temps de faire à ce sujet de profondes recherches ;