Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/142

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grossier qu’il fût, à qui des larmes ne vinssent aux yeux, lorsqu’il entendait cette femme désolée demander à chaque étranger, avec un accent douloureux, s’il n’avait pas de nouvelles à lui donner de sa chère enfant.

« N’auriez-vous point vu une petite fille ? Non, non, je veux dire une jeune personne déjà grande, passer de ce côté, emportée avec la rapidité du vent, par un taureau blanc comme la neige ?

— Nous n’avons point vu semblable merveille, » répondaient les braves gens ; et plus d’une fois, prenant Cadmus à part, ils murmuraient à son oreille : « Est-ce que cette femme à l’air si noble et si mélancolique est votre mère ? Bien sûr la pauvre dame n’est pas dans son bon sens ; vous devriez la ramener chez elle et lui donner tous vos soins, pour chasser de son esprit le mauvais rêve qui l’obsède.

— Ce n’est pas un rêve, répondait Cadmus ; mais tout en ce monde n’est que rêve, si ce qu’elle dit n’est pas la réalité. »

Cependant il arriva qu’un jour Téléphassa, plus faible qu’à l’ordinaire, s’appuyait de presque tout son poids sur le bras de Cadmus, en marchant plus lentement que jamais. À la fin, ils atteignirent un endroit solitaire. Là, elle dit à son fils qu’elle avait besoin de s’étendre à terre, et d’y prendre un long et doux repos.

« Un doux, un long repos ! répéta-t-elle en arrê-