Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/144

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mes infirmités ? C’est à ton amour filial que je dois de ne pas avoir succombé dans une de ces vallées, ou sur une de ces collines lointaines que nous avons traversées il y a longtemps. Mais aujourd’hui tout est fini, et tu dois mettre un terme à tes recherches. Quand tu auras couché ta mère dans sa tombe, va à Delphes, et là, consulte l’oracle sur ce qu’il te reste à faire.

— Oh ! ma mère, ma mère, s’écria Cadmus, si au moins vous aviez pu, avant ce moment, contempler une seule fois ma sœur !

— Maintenant, peu importe, répondit Téléphassa, et un sourire passa sur ses lèvres. Je vais dans un monde meilleur, et, tôt ou tard, j’y rencontrerai ma fille. »

Mes petits auditeurs, je ne veux pas vous attrister en vous racontant les détails de la mort et de l’ensevelissement de cette tendre mère. J’ajouterai seulement que ce sourire s’épanouit de plus en plus sur ses traits, y resta même fixé après la mort. Aussi Cadmus demeura-t-il convaincu qu’aussitôt entrée dans ce monde meilleur dont elle lui parlait, elle avait reçu Europe dans ses bras. Il planta quelques fleurs sur la tombe de sa mère, puis il partit… espérant qu’elles y pousseraient et qu’elles y embelliraient le tertre funèbre, quand il se serait éloigné.

Après avoir accompli ce pénible devoir, il s’achemina tout seul désormais vers le fameux oracle de