Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/148

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par terre et par mer, et en ce moment, s’il devait abandonner ses recherches, il se sentait encore plus isolé et complètement inutile dans le monde.

Mais soudain l’air s’émut d’un nouveau souffle. Il put entendre ces mots :

« Suis la vache ! Suis la vache ! Suis la vache !… »

Et la voix répéta ces paroles au point de fatiguer Cadmus, d’autant plus qu’il ignorait de quelle vache il était question, et dans quel but il devait la suivre. Enfin l’ouverture donna issue à une autre phrase :

« Demeure où la vache égarée se couchera. »

Cet avis ne fut prononcé qu’une seule fois, et la voix expira dans un murmure à peine perceptible… Cadmus, doutant presque d’avoir aussi le sens des mots, adressa de nouvelles questions, mais ne reçut aucune réponse. Seulement du gouffre continuait à sortir un souffle qui entraînait dans son courant les feuilles sèches amassées autour de l’ouverture.

« Ai-je bien entendu le son d’une voix sortir de cette caverne ? pensa Cadmus ; ou bien n’ai-je fait que rêver ? »

Il s’éloigna du lieu mystérieux, et ne se trouvait pas plus savant qu’à son arrivée. Prenant le premier chemin qui s’offrit devant lui, il le suivit nonchalamment. Comme il ne formait aucun projet, et qu’il n’avait pas de raison pour choisir un chemin plutôt qu’un autre, il devenait inutile qu’il se hâtât.