Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/149

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S’il rencontrait quelque passant, la même question lui revenait sur les lèvres :

« Avez-vous vu une belle jeune fille vêtue comme la fille d’un roi, et montée sur un taureau blanc qui galope avec la vitesse du vent ? »

Mais, se souvenant de la recommandation de l’oracle, il s’interrompait au milieu de sa demande, et ceux à qui il s’adressait s’imaginaient que ce beau jeune homme avait perdu la raison.

Je ne sais combien Cadmus avait fait de chemin, et lui-même aurait été incapable d’en rendre compte. Il aperçut, après un certain temps, à une petite distance, une vache à poil moucheté, couchée le long du chemin, et qui ruminait paisiblement. Elle ne fit attention au jeune homme qu’au moment où il arriva assez près d’elle. Alors, se remettant sur ses jambes, elle commença à marcher d’un pas modéré, avec un gracieux balancement de tête, sans oublier de s’arrêter, à l’occasion, pour brouter une touffe d’herbe. Cadmus cheminait derrière elle sans se presser, et sans accorder la moindre attention à cette bête.

Pourtant l’idée lui vint enfin que ce pourrait bien être la vache que l’oracle lui avait recommandé de prendre pour guide ; mais il sourit de sa propre simplicité. Il ne pouvait s’imaginer sérieusement que ce fût cette vache, car celle-là marchait simplement et se comportait comme une vache ordinaire.