Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coulait une rivière dont les eaux étincelaient sous les rayons du soleil. Cadmus sentit battre son cœur comme s’il se fût retrouvé dans sa propre patrie. Quel plaisir pour lui de penser qu’il pourrait à l’avenir s’éveiller le matin sans être forcé de remettre ses sandales poudreuses pour continuer un voyage sans terme ! Les jours et les années passeraient désormais sur sa tête, et le trouveraient paisiblement établi dans ce séjour délicieux. S’il avait pu jouir de la compagnie de ses frères et de son ami Thasus, si sa tendre mère avait pu habiter sous le même toit que lui, son bonheur eût été au comble et tous leurs maux terminés. Un jour ou l’autre, il était possible qu’Europe parût à la porte de sa maison, le sourire sur les lèvres en reconnaissant sa famille. Mais ayant perdu tout espoir de se retrouver avec ses amis d’enfance et de jamais revoir sa sœur chérie, Cadmus se résigna à se consoler avec ses nouveaux compagnons, dont l’affection lui était acquise depuis qu’ils avaient suivi ensemble les traces de la vache.

« Oui, mes amis, leur dit-il, c’est ici que nous devons fixer notre séjour ; nous y construirons nos habitations. Brunette, qui a été notre guide : nous fournira son lait ; nous cultiverons les champs qui nous entourent, et nous mènerons une vie heureuse et exempte d’inquiétude. »

Ses compagnons donnèrent unanimement leur