Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/168

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sage que ces enfants de la terre, qui devaient au dragon leur nature farouche, et il savait mieux utiliser leur force et leur audace.

« Venez, dit-il, vous avez des bras vigoureux. Employez-les d’une façon profitable ! Servez-vous de vos solides épées pour extraire des pierres, et aidez-moi à bâtir une ville. »

Les cinq soldats répliquèrent, en murmurant un peu, que leur métier consistait à renverser les villes, non à les construire ; mais Cadmus abaissa sur eux un regard sévère, et leur adressa la parole d’un ton qui commandait la soumission. Dès ce moment ils le reconnurent pour leur maître, et ne pensèrent plus à lui désobéir en aucune circonstance. Ils se mirent à l’ouvrage avec tant d’activité, qu’en un espace de temps fort court, une cité commença à apparaître. D’abord, ils montrèrent pendant leurs travaux quelques dispositions querelleuses ; semblables à des animaux à l’état sauvage, ils se seraient portés à des actes de violence les uns contre les autres, si Cadmus ne les avait surveillés et, quand il voyait leurs yeux s’animer d’une ardeur particulière, n’avait, par son autorité, neutralisé l’ancien venin de reptile mêlé à leur sang. Avec le temps, ils s’habituèrent à un travail honnête, et finirent par sentir qu’il y avait plus de jouissance dans une vie paisible et dans un commerce bienveillant avec leurs semblables, que dans les luttes san-