Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/172

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sant de bruyantes acclamations, au-devant de Cadmus, quand les affaires de l’État lui laissaient le loisir de se mêler à leurs jeux. Comment ces enfants se trouvaient-ils là ? Ce fut toujours pour moi une mystérieuse énigme. Ils l’appelaient leur père, et donnaient à la reine Harmonia le doux nom de mère. Les cinq vieux soldats engendrés par les dents du dragon s’attachèrent de plus en plus à leurs jeunes maîtres ; ils ne se fatiguaient jamais de leur enseigner la manière de porter sur l’épaule des baguettes en guise de lances, de brandir des sabres de bois et de marcher au pas comme des soldats, en soufflant dans de petites trompettes de deux sous ou en battant d’insupportables roulements sur un tambour proportionné à leur taille.

Cependant le roi Cadmus, de peur que ses enfants ne prissent trop des manières de dragon, trouvait, tout en remplissant ses devoirs de souverain, le temps de leur enseigner l’A B C. Il avait inventé pour eux les lettres de l’alphabet ; et, j’en ai bien peur, un grand nombre de marmots ne lui gardent pas, pour ce bienfait inappréciable, toute la reconnaissance qu’il mérite.