Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/190

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Les corolles en étaient d’un éclat si vif et si pur, que, si l’île les produisait naturellement, ce devait certainement être le jardin de la terre ; ou, si elles avaient été apportées d’un autre climat, ce ne pouvait être que des îles Fortunées, situées dans la région dorée de l’Occident.

« Quelle folie d’avoir pris tant de peine à cultiver ces fleurs ! s’écria l’un de nos gens, dont je vous rapporterai les propres paroles, parce que vous y verrez, en traits caractéristiques, le portrait d’un gourmand. Quant à moi, ajouta-t-il, si je possédais ce palais, j’ordonnerais à mon jardinier de cultiver seulement des légumes dont le goût savoureux parfume si agréablement un beau rôti ou un succulent ragoût.

— Bien dit !… bien dit ! s’écrièrent les autres. Mais soyez assuré qu’il y a un jardin potager derrière le château. »

Comme ils arrivaient alors devant une source d’eau pure comme le cristal, ils s’y reposèrent un instant pour se rafraîchir, faute d’une liqueur spiritueuse qu’ils eussent de beaucoup préférée. En se penchant au-dessus du bassin dont la surface était légèrement ridée par le mouvement de l’eau qui s’écoulait, leurs figures s’y réfléchirent comme dans un miroir, mais d’une façon si bizarre, que leur image semblait leur rire au nez, et que chacun d’eux paraissait se moquer de ses compagnons. Ce