Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peu après, le chant vint à finir. Puis tout à coup on entendit des éclats de voix féminines, entrecoupés de cris et de rires, qui retentissent d’ordinaire quand trois ou quatre jeunes femmes sont réunies autour d’une table sous prétexte de s’occuper à quelque broderie.

« Quelle voix délicieuse ! s’écria l’un des visiteurs.

— Trop douce, en effet, reprit Eurylochus en secouant la tête. Pourtant nous en avons entendu de plus douces encore. Vous rappelez-vous les Sirènes, ces nymphes semblables à des oiseaux, qui cherchèrent à nous attirer par leurs chants sur des rochers où notre vaisseau eût fait infailliblement naufrage, et où ensuite nos ossements eussent blanchi le rivage si nous nous étions laissé tenter ?

— Mais écoutez, écoutez les voix charmantes de ces jeunes filles, et ce bruit cadencé de la navette sur le métier, dit un des hommes de la troupe d’un ton sentimental. Tout annonce ici la paix et la joie d’un heureux intérieur. Ah ! avant cet interminable siège de Troie, j’entendais aussi sous mon propre toit des voix de femmes et le bruit d’un métier. Beaux jours, ne reviendrez-vous jamais ? Ne dois-je plus savourer ces mets que mon épouse bien-aimée savait si bien préparer, et qu’elle rendait si appétissants ?

— Bah ! répliquait un second, nous ferons ici