Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/212

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que Circé n’eût jamais rien fait de pire, je ne pense pas, en vérité, qu’elle soit tout à fait à blâmer.

— Mais ne puis-je rien faire pour les secourir ? demanda Ulysse.

— Il y a là une difficulté qui mettra en jeu toute ta sagesse, et un peu de la mienne par-dessus le marché, ajouta le rusé personnage ; car, avec ta royale sagacité, tu pourrais bien, toi aussi, être changé en renard. Écoute, fais ce que je vais te dire, et la fin sera peut-être meilleure que le commencement. »

Tout en causant ainsi, Vif-Argent semblait chercher quelque chose. Il se pencha vers la terre et posa la main sur une plante. Il en cueillit une fleur d’un blanc de neige dont il aspira l’odeur. Ulysse venait de jeter les yeux sur cet endroit, et crut s’apercevoir que la plante avait fleuri au moment même où Vif-Argent l’avait touchée du bout du doigt.

« Prends cette fleur, roi Ulysse, dit-il. Garde-la aussi soigneusement que la prunelle de tes yeux, car je puis t’assurer qu’elle est rare et précieuse, tellement rare et tellement précieuse que tu chercherais en vain sur toute la surface de la terre sans trouver sa pareille. Tiens-la dans ta main, et respires-en le parfum fréquemment, après être entré dans le palais, et pendant que tu t’entretiendras avec la magicienne. Surtout, lorsqu’elle t’offrira à manger, ou qu’elle te versera à boire dans sa coupe,