Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/221

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roces sur la pelouse de mon palais ; ton caractère se rapproche-t-il de celui du renard, va exercer ton astuce à dépeupler les basses-cours. Tu as savouré mon vin, tu ne peux plus être un homme. »

Mais telle était la vertu de la fleur blanche, qu’au lieu de rouler de son trône sous la forme d’un de ces vils ou cruels animaux, Ulysse conserva son aspect d’homme et le fier regard d’un souverain. Il repoussa la coupe magique et la lança violemment sur les dalles de marbre jusqu’à l’extrémité de la salle. Alors, tirant son glaive, il saisit l’enchanteresse par sa magnifique chevelure, et parut s’apprêter à lui trancher la tête d’un seul coup.

« Abominable Circé, cria-t-il d’une voix animée par l’indignation et la colère, ce fer va mettre un terme à tes méfaits. Meurs, affreuse sorcière, et cesse de souiller le monde en entraînant des êtres humains à des vices qui les font tomber dans l’abjection de la brute. »

Le visage et la contenance d’Ulysse étaient si terribles, son arme tranchante brillait d’un éclat si éblouissant, que Circé succombait à l’épouvante, avant même de recevoir le coup dont elle était menacée. L’échanson s’enfuit rapidement hors de la salle en s’emparant de la coupe d’or. La magicienne et ses quatre servantes tombèrent à genoux, se tordant les mains et implorant la miséricorde de leur vainqueur.