Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/228

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— Ne vous donnez pas la peine de me remercier, répliqua leur chef avec sa sagesse ordinaire. Je crains fort d’avoir fait bien peu de chose pour vous. »

Pour dire la vérité, il subsistait dans leurs voix un certain grognement. Longtemps après, leur manière de s’exprimer conserva encore une rudesse extraordinaire, et parfois il leur échappait des cris qui rappelaient ceux de l’étable aux pourceaux.

« Votre conduite, future, ajouta Ulysse, décidera si vous devez retourner ou non à la fange d’où vous venez de sortir. »

À ce moment, on entendit un petit cri plaintif dans un arbre voisin.

« Pîp, pîp, pî-houi-îp ! »

C’était l’oiseau au plumage de pourpre qui, pendant tout ce temps, avait plané au-dessus, témoin de ce spectacle, épiant tout ce qui se passait, dans l’espoir qu’Ulysse se souviendrait de ses efforts pour l’éloigner, lui et ses compagnons, du danger où ils étaient tombés. Ulysse ordonna immédiatement à Circé de rendre à cette autre victime sa forme humaine et sa qualité de roi. À peine les mots sacramentels furent-ils prononcés, que l’oiseau ne put terminer son pî-houip, et le roi Picus s’élança du feuillage, avec un air de majesté que peu de souverains déploient dans le monde. Une longue robe de