Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/28

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quemment ses essais. Il fallait le voir tordre ses jolis bras potelés contre une masse tellement pesante, qu’un géant n’eût pas eu trop de ses deux larges mains pour entreprendre ce travail. Cependant le rocher paraissait de plus en plus solidement enfoncé dans la terre. La mousse qui en couvrait la surface, devenant chaque jour plus épaisse, avait fini par former comme un charmant tapis vert, dont le tissu était percé çà et là de quelques pointes de granit. Au-dessus s’entrelaçaient les branches des arbres, qui laissaient tomber leurs feuilles roussies, au retour de chaque automne ; à la base, croissaient des fougères et des plantes sauvages et grimpantes, dont quelques-unes envahissaient ses flancs. Selon toute apparence, il était étreint et fixé dans le sol avec une solidité inébranlable.

Malgré les difficultés d’une pareille œuvre, Thésée, devenu un vigoureux jeune garçon, se flattait d’arriver bientôt à l’époque heureuse où il pourrait triompher de la résistance du rocher.

« Mère, s’écria-t-il un jour après avoir fait une nouvelle épreuve de ses forces, je crois qu’il a remué. Certainement, la terre est un peu craquée autour.

— Non, non ! enfant ! s’empressa de répondre sa mère ; ce n’est pas possible, vous n’en êtes pas encore capable ! »

Thésée ne se rendait pas à ces dénégations, et lui