Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/285

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jouement naturel avec autant de liberté qu’elle le faisait en compagnie des quatre nymphes de l’Océan, sur le rivage de la mer. Pluton se mit à la contempler et à désirer d’être un enfant comme elle. Proserpine, en voyant ce puissant souverain debout dans son splendide palais, avec un air à la fois si majestueux et si abattu, se sentit touchée d’un sentiment de compassion. Elle courut à lui, et, pour la première fois, mit sa douce et petite main dans la sienne.

« Je vous aime un peu, murmura-t-elle en le regardant en face.

— Est-il vrai, ma chère enfant ? » s’écria Pluton en s’inclinant pour déposer un baiser sur son front mais elle évita cette caresse, car, malgré leur noblesse, ses traits avaient une expression terrible.

« Eh bien ! je n’ai pas mérité de toi cette récompense, après t’avoir gardée captive tant de mois, et, en outre, t’avoir presque fait mourir d’inanition. Tu dois avoir une faim insupportable, n’est-ce pas ? Ne puis-je donc rien te procurer qui soit selon ton goût ? »

En faisant cette question, le roi des mines d’or et de diamants concevait une pensée pleine de ruse : car, je vous l’ai dit, s’il arrivait à Proserpine de prendre une seule bouchée de nourriture dans ce séjour, il lui devenait à jamais impossible de le quitter.