Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/293

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les bras en voyant l’été arriver subitement, et toutes les céréales se développer aussi vite. Ne négligeons pas non plus d’ajouter que les arbres, à la fois enrichis de feuilles et de boutons, se couvrirent d’oiseaux qui voltigeaient de branche en branche, en faisant résonner l’air de leurs chants d’allégresse. Cérès, la mère de l’agriculture, était de retour dans sa demeure déserte, et s’était assise sur le pas de sa porte, sa torche allumée à la main. Elle considérait d’un air insouciant la flamme vacillante, quand soudain elle la vit s’éteindre.

« Que veut dire cela ? pensa-t-elle. Une torche enchantée, dont la lueur devait briller jusqu’à ce que ma fille me fût rendue ! »

Elle lève les yeux, et sa surprise est extrême. La verdure vient en moins d’un clin d’œil de couvrir les plaines desséchées, comme vous avez souvent vu, au lever du soleil, une nuance dorée s’étendre au loin sur la prairie.

« Eh quoi ! la terre me désobéirait ! s’écrie-t-elle indignée. Prétendrait-elle redevenir verte, quand je lui commande de rester brûlée et aride jusqu’au moment où je pourrai serrer mon enfant dans mes bras ?

— Ouvre-les donc, ces bras chéris, et couvre ta petite fille de baisers. »

À peine ces accents d’une voix bien connue se