Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/30

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nerveux, la roche inerte. On eût dit un athlète attaquant un colosse vivant. Dans cette lutte désespérée, il était décidé à vaincre ou à périr, en laissant le rocher comme monument éternel de sa valeur et de sa mort ! Éthra, debout, immobile, contemplait cette lutte acharnée ; elle sentait son cœur maternel tour à tour s’enfler d’orgueil et se remplir d’effroi et d’alarmes. Le rocher s’était ébranlé ! Un dernier effort le soulève, le déracine en arrachant les fleurs et les plantes qui y sont attachées, enfin le retourne et le renverse sur son flanc.

Thésée avait triomphé !

Tout en reprenant haleine, il jette un regard de satisfaction sur sa mère : le visage d’Éthra laissait briller un sourire à travers ses larmes.

« Oui, mon enfant, dit-elle, c’en est fait, le temps est arrivé ; tu ne dois plus rester à mon côté ! Vois ce que le roi Égée, ton noble père, a déposé sous cette pierre, quand il la souleva de ses bras puissants et la fixa à la place d’où tu viens de la retirer. »

Thésée s’aperçut alors que le rocher avait été posé sur une autre pierre plate, au milieu de laquelle une cavité avait été pratiquée. Le tout ressemblait par conséquent à un coffre massif, dont l’énorme rocher était le couvercle. Au fond de la cavité se trouvaient un glaive à poignée d’or et une paire de sandales.