Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/321

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lait faire un long voyage à travers des mers inconnues. Le téméraire qui eût conçu ce dessein n’eût pas seulement échoué dans sa tentative ; il n’aurait même pas eu l’espérance ou la possibilité de revenir pour raconter les obstacles et les dangers affrontés sur sa route. Les yeux de Pélias étincelèrent de joie quand il entendit la réplique de Jason.

« Bien dit, noble étranger, bien dit ! s’écria-t-il. Pars donc, et, au péril de ta vie, rapporte-moi la Toison d’or.

— J’obéis, répond Jason d’un air calme. Si je succombe, tu seras à l’abri de toute crainte de ma part, je ne reviendrai plus te troubler. Mais si je rentre à Iolchos, chargé du glorieux butin, tu n’auras qu’à descendre du trône, roi Pélias, et à m’abandonner ton sceptre et ta couronne.

— J’y consens, dit l’usurpateur avec un regard railleur et une expression d’incrédulité. En attendant, je vais veiller à les conserver pour toi. »

La première démarche de Jason, après son entrevue avec le roi, fut de se rendre à Dodona, afin de s’enquérir auprès du Chêne parlant de ce qu’il avait à faire. Cet arbre merveilleux s’élevait au centre d’une antique forêt. Son tronc majestueux mesurait plus de cent pieds de haut, et jetait une ombre épaisse sur un espace de plus d’un arpent En s’abritant sous ses branches, le visiteur examina la brillante verdure de ses rameaux enla-