Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/356

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entrant dans la salle de réception, il s’avança au pied du trône et s’inclina respectueusement.

« Tu sembles découragé, prince, observa le monarque. Ta nuit s’est-elle passée sans sommeil ? J’espère que tu as fait de plus sages réflexions, et que tu as pris la résolution de renoncer à te faire brûler en tentant de dompter mes taureaux à la poitrine d’airain ?

— Cette tentative a déjà été couronnée de succès. Puisse cette nouvelle plaire à Votre Majesté ! Les taureaux ont été domptés et soumis au joug. Le champ a été labouré ; j’y ai semé les dents du dragon et j’y ai ensuite promené la herse. Les guerriers armés, après leur sortie du sol, se sont livré un combat désespéré et ont succombé tous, jusqu’au dernier. Maintenant, je sollicite de Votre Majesté la faveur d’affronter le dragon, afin d’enlever la Toison d’or, et de quitter ces lieux avec mes quarante-neuf compagnons. »

Aétès, rempli de trouble et de colère, fronça le sourcil sans répondre. Il comprenait que, profitant de la facilité qu’ont les rois de revenir sur leurs promesses, il ne devait pas lui permettre de prendre possession du précieux dépôt, dans le cas où le courage et l’habileté du jeune homme lui en fourniraient les moyens. Du moment que ce dernier avait triomphé des taureaux forgés par Vulcain et des dents du dragon, il devenait fort à craindre qu’il