Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/358

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yeux noirs brillaient d’un éclat étrange et décelaient une vaste intelligence. Jason sentait dans son regard l’astuce d’un serpent venimeux. Malgré le service signalé qu’il en avait reçu la nuit précédente, il ne se trouvait pas trop rassuré sur la continuation de ses faveurs. Elle pouvait aussi bien le trahir avant le coucher du soleil ; car vous devez savoir qu’il ne faut jamais compter sur la parole de ces magiciennes. Cependant elle l’aborda avec un gracieux sourire :

« Que dit le roi Aétès, mon royal et généreux père ? Consent-il à vous livrer l’objet de vos désirs, sans vous exposer à aucun risque, à aucun désagrément ?

— Au contraire, il est furieux de ce que j’ai dompté les taureaux d’airain et semé les dents de dragon. Il me défend de faire aucune autre tentative, et me refuse positivement ce qu’il m’avait promis, que je tue ou non le dragon.

— C’est bien là sa volonté, et je peux te dire plus encore. Si demain, au lever du soleil, tu n’as pas quitté les bords de la Colchide, le roi médite d’incendier ta galère à quarante rames : quant à toi et à tes quarante-neuf braves compagnons, vous serez tous passés au fil de l’épée. Mais courage encore une fois ! Tu t’empareras de la Toison d’or, si mes enchantements n’ont point perdu leur puissance. Attends-moi ici une heure avant minuit. »

Au moment fixé pour ce rendez-vous, le prince