Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/41

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À ces paroles, Égée n’eut plus qu’une seule pensée, celle d’infliger au coupable un juste trépas. Il se dressa sur son trône, le regard plein d’une majestueuse sévérité, et, d’une main plus assurée, tendit une seconde fois la coupe à Thésée. C’était après tout un prince trop digne et trop noble pour mettre à mort un traître même avec le sourire sur les lèvres.

« Prends ! prends ! dit-il du ton calme et solennel avec lequel il prononçait ordinairement une sentence capitale. Tu as bien mérité de boire un vin comme celui que contient cette coupe ! »

Thésée s’avança pour recevoir la coupe, mais il n’eut pas le temps de l’atteindre. Le roi Égée tressaillit de nouveau à la vue du glaive à poignée d’or suspendu au côté du jeune homme, et retira sa propre main.

« Ce glaive ! d’où te vient-il ?

— C’est celui de mon père, répliqua Thésée d’une voix tremblante. Voici ses sandales. Ma mère, son nom est Éthra, m’a raconté son histoire quand je n’étais qu’un enfant. Il y a seulement un mois que j’ai eu la force de soulever le pesant rocher. J’ai trouvé dessous ce glaive et ces sandales ; et je suis venu à Athènes pour voir celui à qui je dois le jour !

— Mon fils ! mon fils ! s’écria Égée en jetant la coupe ; et, oubliant sa faiblesse, il se précipita dans les bras de Thésée. Oui, voilà bien les yeux d’Éthra ! C’est bien mon fils ! »