Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/42

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Il n’est pas besoin de dire ce que devinrent les neveux du roi. Mais quant à Médée, en voyant les affaires prendre cette tournure, elle disparut aussitôt, et, se rendant à son appartement particulier, elle mit en œuvre ses enchantements sans perdre une minute. Elle ne tarda pas à entendre des sifflements à la fenêtre de sa chambre. C’étaient quatre immenses serpents attelés à un char de feu ; les ailes déployées, ils déroulaient dans les airs leurs puissants anneaux, et, tordant leurs longues queues au-dessus du faîte du palais, attendaient les ordres de la magicienne pour entreprendre un voyage aérien. Médée prit seulement le temps d’emmener son fils et de s’emparer des joyaux de la couronne, des ornements les plus précieux du roi, ainsi que de tout ce qui put tomber sous sa main ; puis elle s’élança dans le char, fouetta les serpents et s’éleva au-dessus de la ville.

En entendant les sifflements des monstres ailés, le roi courut en chancelant à la fenêtre et cria de toutes ses forces à cette femme abominable de ne jamais revenir. Tout le peuple d’Athènes, attiré dans les rues par un spectacle aussi merveilleux, fit retentir l’air de longues acclamations de joie en la voyant disparaître. Médée, transportée de rage, domina les sifflements des reptiles par un éclat de voix où vibrait toute sa fureur, et, jetant sur la multitude un regard féroce à travers les flammes de son char,