Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/43

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elle étendit ses deux mains comme pour répandre une averse de malédictions. En exécutant ce mouvement, elle laissa choir par mégarde à peu près cinq cents diamants de la plus belle eau, mille grosses perles, et deux milliers d’émeraudes, de rubis, d’opales, de saphirs et de topazes, dérobés avant son départ dans le coffre-fort du souverain. Ce fut comme une grêle étincelante de couleurs variées, qui s’abattit sur la tête des spectateurs. Les grandes personnes et les enfants s’empressèrent à l’envi de recueillir ces trésors et de les reporter au palais ; mais le roi leur fit savoir qu’il abandonnait le tout, et qu’il en distribuerait le double, s’il le possédait, pour témoigner le bonheur que faisaient éprouver à son cœur royal l’arrivée de son fils et la disparition de l’infâme Médée. En effet, si vous aviez vu la haine dont le dernier regard de la magicienne était enflammé, au moment où elle fendait les airs pour se perdre au milieu des nuages, vous ne seriez pas surpris de l’allégresse publique et de la satisfaction du roi Égée.

Dès ce moment le jeune prince fut en grande faveur près de son père. Le vieux roi voulait toujours l’avoir assis à ses côtés sur son trône, assez large pour tous les deux, et ne se lassait jamais de l’entendre parler de sa mère bien-aimée, de son enfance et de ses premiers efforts pour soulever le massif rocher. Cependant Thésée sentait dans son cœur trop d’énergie et de courage pour passer ainsi tout son temps à faire