Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/69

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core que sa voix. Mais voici probablement la traduction de ce qu’il voulait dire :

« Ah ! détestable créature humaine ! Je vais te transpercer de mes cornes, te lancer à cinquante pieds en l’air et te broyer sous mes dents quand tu retomberas sur le sol !

— Eh bien, viens donc et essaye ! » se contenta de répondre son adversaire, car il était trop magnanime pour défier un ennemi avec des paroles insolentes.

Sans plus de mots et de cris de part et d’autre, commença, entre Thésée et le Minotaure, le combat le plus acharné dont le soleil ou la lune aient jamais été témoins. Je ne sais vraiment pas ce qui serait advenu si le monstre, dans son premier bond, n’eût manqué Thésée de l’épaisseur d’un cheveu, et fracassé une de ses cornes contre le mur. À ce choc inattendu, il éclata en beuglements si épouvantables qu’une partie du labyrinthe s’écroula, et que tous les habitants de la Crète prirent ce grand bruit pour une tempête d’une violence extraordinaire. Irrité par la douleur, il se mit à galoper autour de l’espace vide d’une manière si pesante et si maladroite, que, bien des années plus tard, Thésée ne pouvait s’empêcher d’en rire, quoiqu’il n’en eût pas envie au moment même. Après cela, les deux ennemis se regardèrent vaillamment face à face, et luttèrent corne contre glaive pendant