Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/71

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— Grâce à vous, chère Ariane, je reviens victorieux.

— Maintenant il faut promptement avertir tes amis, et vous rendre tous à bord de votre navire avant le point du jour. Si l’aurore te trouve dans ces lieux, mon père voudra venger le Minotaure. »

Pour terminer mon histoire, les pauvres captifs furent réveillés. Ils eurent peine à croire qu’ils n’étaient pas le jouet d’un rêve, en entendant le récit de leur libérateur, qui les pressa de mettre à la voile avant le lover du soleil. Ils coururent sur le bord de la mer et sautèrent à l’envi sur le pont du navire, à l’exception du prince Thésée, qui, resté en arrière sur la plage, serrait affectueusement la main d’Ariane dans les siennes.

« Oh ! vous qui m’êtes si chère, venez, oh ! venez avec nous. Vous êtes trop généreuse et trop tendre pour que je vous laisse auprès d’un père dont l’âme est aussi impitoyable. Il ne tient pas plus à vous posséder qu’un rocher de granit ne se soucie de conserver la fleur délicate qui pousse dans ses crevasses. Mon père, le roi Égée ; ma mère bien-aimée, Éthra ; tous les pères et toutes les mères d’Athènes, tous leurs fils et toutes leurs filles vous aimeront et vous honoreront comme une bienfaitrice. Hâtez-vous, suivez-nous ; car rien ne calmera le courroux du roi Minos quand il apprendra ce que vous avez fait. »