Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/86

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le meilleur enfant de géant qui se fût jamais rafraîchi le front au sein des nuages.

Ses petits amis, comme bien d’autres peuples qui ne sont pas forts non plus, concevaient la plus prétentieuse opinion de leur propre importance, et prenaient maintes fois avec lui un air tant soit peu protecteur.

« Pauvre frère, se disaient-ils, il a une vie bien triste,… toujours tout seul, et nous ne devons pas regretter de perdre pour l’amuser quelques-uns de nos instants si précieux. Sans doute il ne possède pas comme nous de brillantes qualités ; mais c’est une raison de plus de veiller à son bien-être et à son bonheur. Montrons-nous toujours bons envers ce vieux camarade. Eh bien ! si notre mère la Terre ne nous avait prodigué ses bienfaits avec autant de libéralité, nous aurions pu aussi bien être des géants, tous tant que nous sommes. »

Chaque jour de fête, les Pygmées se livraient avec Antée à de joyeux ébats. Quand il s’étendait tout de son long par terre, et ressemblait à une chaîne de montagnes, il y avait pour la gent trotte-menu une bonne heure de marche pour aller de la tête aux pieds du colosse. Quelquefois il posait à plat sa main sur le gazon, excitait le plus grand de ses visiteurs à l’escalade, et les défiait d’enjamber ses doigts. La plupart poussaient l’intrépidité jusqu’à explorer les plis de ses vêtements. Quand il laissait tomber sa