Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/94

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Il n’a pas plus tôt aperçu l’inconnu qu’il se lève d’un bond, saisit son bâton, et s’avance d’un mille ou deux à sa rencontre, en brandissant son énorme sapin avec une violence telle que l’air en est bruyamment agité.

« Qui es-tu ? cria-t-il d’une voix menaçante ; et que viens-tu faire dans mes domaines ? »

Il y avait dans la nature d’Antée un phénomène étrange dont je ne vous ai pas encore parlé, de peur que, si j’entassais merveilles sur merveilles, vous ne fussiez portés à ne pas en croire plus de la moitié. Voici en quoi consistait ce nouveau prodige : toutes les fois que ce redoutable géant touchait la terre, soit avec sa main, soit avec son pied ou toute autre partie de son corps, il devenait plus fort que jamais. La terre, vous vous en souvenez, lui avait donné le jour, et nourrissait pour lui une grande prédilection : c’était presque, selon elle, le mieux constitué de ses enfants. Aussi employait-elle ce moyen pour le maintenir dans la plénitude de sa vigueur. Quelques personnes affirment qu’il devenait dix fois plus robuste à chaque contact avec le sol ; d’autres disent seulement deux fois. Mais pensez un moment à ceci : Supposez qu’Antée fît une promenade de dix milles à cent mètres par enjambée ; vous pouvez aisément calculer quelle pouvait être sa force au moment où il s’arrêtait. N’eût-il pris qu’un instant de repos en s’étendant par terre, il se