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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/17

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en fortifiant partout le culte des langues nationales. En effet, des trois termes qui forment sa devise, il n’en est aucun que les peuples retiennent plus volontiers que celui de liberté. Nous serons libres ! disent-ils après elle ; libres de nous gouverner comme nous l’entendons ; libres dans nos biens, dans nos corps, dans nos âmes ; libres dans nos moyens d’expression… Tout est là : les principes français excitent les patriotismes étrangers ; le désir obscur d’une langue qui représente la patrie devient un droit ; il s’enrichit de toute la force de la logique et de tout l’éclat de l’exemple. La France, en éveillant non seulement les nationalités, mais les nationalismes, les éveille contre elle-même. Elle s’en apercevra bientôt. Si elle revient à ses prétentions anciennes, et prétend commander comme autrefois, on se révoltera. On parlera l’allemand, l’italien, l’espagnol, jalousement, exclusivement ; on bannira le français par réaction. En 1799, lorsque nous rentrons dans nos frontières, le vocabulaire et le style révolutionnaires disparaissent sans laisser de traces profondes. Par contre, un principe demeure : aucun pays n’aura le droit d’imposer sa