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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/60

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pleurant sa décadence, un éclatant démenti ; parce que nous voyons s’avancer une génération plus saine et plus robuste que ses aînées, regardant la vie avec la belle confiance que donne un corps vigoureux ; parce qu’il est impossible que la connaissance plus précise du danger qui menace ne réveille pas dans la collectivité la volonté de vivre. Et quand nous n’aurions pas tant de bonnes raisons pour justifier cette foi, nous la garderions encore, parce qu’il s’agit ici d’un problème moral dont la solution dépend de nous, et qu’en de telles matières, avoir peur de la mort, c’est déjà commencer à mourir.

Celui qui prétendrait embrasser avec certitude les événements dont l’avenir est chargé, les guerres qui changent la face des nations, les alliances qui changent leur âme ; les variations des lois économiques, plus puissantes que les alliances ou que les guerres ; les multiples phénomènes sociaux qui échappent aux prises de notre raison, ressemblerait au pêcheur qui voulait saisir la mer