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Si la douleur et son effort sont supprimés, la vie se réduira d’abord en protoplasme informe, et ensuite en poussière.

Le Bouddhisme, qui est, à sa façon majestueuse, une doctrine de l’évolution, proclame très raisonnablement que son ciel n’est qu’un état supérieur de développement à travers la douleur, et enseigne que, même au paradis, la cessation de l’effort produit la dégradation. Il déclare aussi raisonnablement que, dans le monde surhumain, la capacité de douleur croît toujours en proportion de la capacité à ressentir du plaisir. (Du point de vue scientifique, il y a peu à redire contre cet enseignement, puisque nous savons qu’une évolution plus élevée doit entraîner une augmentation de la sensibilité à ressentir la douleur.) Dans les ciels du désir, dit le Shoho-nen-jo-kyô, la douleur de la mort est si grande que toutes les angoisses de tous les enfers réunis ne sauraient égaler qu’un seizième de cette douleur[1].

  1. Cette déclaration ne se rapporte qu’aux Ciels du Désir de plaisir