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et de poussière d’os, dont le remous était parsemé d’un scintillement de débris de dents qui rappelait celui de débris de coquillages dans les épaves abandonnées par le reflux.

— Ne craignez rien, mon fils, cria la voix du Boddhisattva. Seuls les cœurs forts peuvent parvenir au lieu de la vision !

Derrière eux le monde avait disparu. Il ne restait que les nuages à leurs pieds, le ciel au-dessus de leur tête, et entre les deux l’entassement de crânes, obliquant hors de vue.

Alors le soleil monta avec les pèlerins ; pourtant sa lumière ne dégageait aucune chaleur, mais un froid tranchant comme un sabre. Et l’horreur de ces altitudes stupéfiantes et le cauchemar de ces stupéfiants abîmes et la terreur du silence, se faisaient toujours plus intenses, et pesaient sur le pèlerin, immobilisant ses pieds. Et, tout à coup, ses forces l’abandonnèrent, et il gémit