Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
6
MUSIQUE.

n’est pas encore quelque chose de purement idéal, ce sont, au contraire, des images qui conservent leur existence sensible. L’oreille, au contraire, sans exiger la moindre altération des corps, perçoit le résultat de cette vibration intime par laquelle ils abandonnent l’immobilité de la forme matérielle, et révèlent déjà une première animation idéale. Il y a plus : de même que le mouvement vibratoire du corps, qui tend à détruire l’étendue, est détruit lui-même par la réaction du corps, de même le son qui manifeste cette double négation est un phénomène qui se détruit lui-même à sa naissance. En se dérobant ainsi doublement à la forme extérieure et matérielle, le son est éminemment propre à être l’écho de l’âme. En soi il est déjà quelque chose de plus immatériel que l’étendue permanente, et, de plus, cette existence idéale elle-même s’évanouit. Par là il est le mode d’expression le mieux approprié à la nature du principe spirituel.

2° Si, maintenant, nous demandons de quelle nature doit être l’élément interne que le son doit exprimer, afin que les deux termes puissent se correspondre d’une manière parfaite, nous avons déjà vu qu’en luimême, pris comme phénomène sensible, le son, par opposition aux matériaux employés par les arts figuratifs, a un caractère tout à fait abstrait. La pierre et la couleur reproduisent les formes nombreuses et variées de tout un monde d’objets, et représentent leur existence réelle. C’est ce que ne peuvent faire les sons. Donc les sentiments intérieurs de l’âme privés de toute