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POÉSIE ÉPIQUE.

par lui-même de pareilles situations, de pareils événements de la vie primitive des peuples. Des poésies primitives forment donc nécessairement le fond de ces chants, quoique, pour le ton général, le mode exprimé de concevoir et de sentir, beaucoup de choses aient pris une couleur moderne dans le cours de tant de siècles. Ensuite, l’âge de ces poésies n’est pas constaté ; elles peuvent être restées mille ou quinze cents ans vivantes dans la bouche du peuple. Dans leur caractère général, le genre lyrique parait dominant. C’est Ossian, le vieux barde, le héros aveugle, qui, inspiré par un souvenir mélancolique, fait revivre dans sa pensée les jours glorieux du passé. Quoique ces chants respirent la douleur et la tristesse, ils restent, néanmoins, épiques par leur sujet ; car, précisément, ces plaintes ont pour objet ce qui a été. Le poète décrit ce monde de sa jeunesse qui n’est plus : les héros, leurs aventures d’amour, leurs exploits, leurs expéditions sur terre et sur mer, les scènes de leur vie guerrière, leur destinée et leur mort ; et cela avec une telle vérité épique, tout en s’interrompant par des élans lyriques, que Ton croirait entendre les héros d’Homère, Achille, Ulysse, Dior mède, parlant de leurs exploits, de leurs aventures et de leurs destinées. Cependant, si le cœur et l’âme y jouent un rôle plus profond, le développement du sentiment national et de toute la vie nationale n’y est pas porté à un aussi haut d^ré que chez Homère. Ce qui manque particulièrement, c’est la ferme plasticité des figures et la clarté du jour sur ces tableaux. Nous