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LE RETOUR

(1823-1824)



1

Une douce image luisait autrefois dans ma si sombre vie ; maintenant elle s’est effacée et je suis enveloppé de nuit.

Quand les enfants se trouvent dans les ténèbres, leur cœur se serre et pour chasser leur angoisse, ils se mettent à chanter bien fort.

Moi aussi, fol enfant, je chante aujourd’hui dans les ténèbres ; si mon chant manque de gaîté, du moins m’a-t-il délivré de l’angoisse.


2
LORELEI[1]

Je ne sais ce que signifie la mélancolie qui m’accable ; il est un conte des vieux âges qui ne me sort pas de l’esprit.

L’air est frais, la nuit tombe et le Rhin coule silencieux ; le sommet de la montagne s’illumine des rayons du couchant.

  1. C’est ici le plus pur joyau de la ballade allemande. La Lorelei (ce nom vient peut-être du rocher de Lurlei qui se trouve proche Saint-Goar, sur le Rhin, entre Bingen et Coblenz) a été véritablement créée par Henri Heine. Les poètes, après lui, l’ont très fréquemment chantée. Les uns font d’elle la déesse même du Rhin, les autres, comme Simrock, la muse du pays rhénan. (Note des éditeurs).