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Je crois que je devrais étendre mes mains sur ta tête et prier Dieu qu’il te conserve si pure, si belle, si charmante !


50

Enfant, ce serait ta perte, et je fais tout ce que je peux pour que ton cœur bien aimé ne brûle jamais pour moi d’amour.

Cependant, je m’afflige presque que cela me réussisse si facilement, et plus d’une fois je me dis : Quoi qu’il arrive, puisses-tu m’aimer !


51

Quand, la nuit, je gis sur ma couche, au sein de l’obscurité, une douce, suave et chère image vient flotter devant mes yeux.

À peine un sommeil paisible a-t-il fermé mes paupières, que l’image, toute légère, se glisse dans mon rêve.

Mais elle ne s’évanouit jamais avec mon rêve, le matin ; et je la porte dans mon cœur durant toute la journée.


52

Jeune fille à la bouche rose, aux yeux limpides et doux, ô chère petite jeune fille, je pense constamment à toi.

Ce soir d’hiver n’en finit pas ; je voudrais être auprès de toi et, sur un siège près du tien, bavarder avec toi dans ta chambrette confidente.

Sur mes lèvres je voudrais presser ta main petite et blanche, et l’arroser avec mes pleurs, ta blanche et petite main.


53

La neige peut s’amonceler dehors ; il peut grêler, la tempête peut faire rage et fouetter la vitre à grand bruit : je ne ferai jamais de plaintes, car je porte dans ma poitrine l’image de l’aimée et la joie du printemps.