Page:Heine - Œuvres de Henri Heine, 1910.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ne crois pas que j’aille me brûler la cervelle, si malheureux que soit mon sort ! Cet acte-là, ma douce amie, je l’ai déjà commis une fois !


58

Tes yeux sont des saphirs, tes chers yeux, tes doux yeux. Ô trois fois heureux est celui qu’ils accueillent avec amour !

Ton cœur est un diamant qui rayonne d’un noble éclat. Ô trois fois heureux est celui pour lequel il brûle d’amour !

Tes lèvres sont des rubis, on n’en saurait voir de plus belles. Ô trois fois heureux est celui qui en reçoit l’aveu d’amour !

Ô si je le connaissais, l’heureux homme, et si je le rencontrais seul, tout seul, dans la verdoyante forêt… son bonheur finirait bien vite !


59

Avec des discours passionnés, j’ai presque menti à ton cœur, mais je me suis pris à mon piège et ma plaisanterie est devenue sérieuse.

Si maintenant, comme tu le veux, tu t’éloignes en me plaisantant, je serai la proie de l’enfer et, sérieusement, je me brûle la cervelle !


60

Le monde et la vie sont par trop fragmentaires. Je m’en vais aller voir un professeur allemand qui sache coordonner tous les éléments de l’existence et en composer un système intelligible. Avec son bonnet de nuit et sa robe de chambre, il bouchera les trous de l’édifice cosmique.


61

J’en ai la tête rompue à force de méditer et de réfléchir jour et nuit ; mais enfin tes yeux affectueux m’ont fait prendre une décision.