Page:Heine - Œuvres de Henri Heine, 1910.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il se peut encore qu’il leur ait dû de s’affranchir, littérairement et politiquement, des points de vue étroits du romantisme allemand.

À quinze ans, ses classes terminées, Heine est destiné au commerce. On lui trouve une place dans un comptoir de Francfort. Selon ses dires, il ne l’aurait gardée que quatorze jours et, après deux mois consacrés à l’exploration des curiosités de la vieille ville, aurait tranquillement regagné Dusseldorf. Mais une version assez bien fondée veut qu’il n’ait quitté son patron qu’au bout de deux années, après s’être brouillé avec lui.

Quoi qu’il en soit, nous ne retrouvons Heine qu’à la fin de 1816, à Hambourg, où son oncle Salomon Heine, le richissime financier qui devait mourir trente ou quarante fois millionnaire, l’a mis à la tête d’une maison de commission dont la raison sociale est Harry Heine et Cie. Mais la maison liquide au début de 1819 et Heine doit de nouveau regagner Dusseldorf. Mais déjà, il a écrit ses premiers poèmes et éprouvé les souffrances de cœur d’où jailliront bientôt les stances harmonieuses de l’Intermezzo et du Retour.

Son inaptitude aux fonctions commerciales éclatait cette fois à tous les yeux des siens. Il fut donc, en l’automne de cette même année 1819, envoyé à l’Université de Bonn, de fondation toute récente, afin d’y commencer, aux frais de l’oncle Salomon, ses études juridiques. Il ne sentit pour celles-ci qu’un enthousiasme médiocre, mais suivit avec passion, à la faculté des lettres, les cours d’ancienne littérature allemande de W. Schlegel et de Simrock. L’an d’après, il passe à l’Université de Gœttingue ; mais là encore il déserte le droit pour un cours d’ancienne poésie germanique dont il est un des neuf auditeurs. Il ne reste à Gœttingue qu’un trimestre à peine, ayant été, en janvier 1821, exclu de l’Université pour six mois à la suite