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d’un duel. Heine se décide alors à quitter tout à fait la morose petite ville et aller planter sa tente à Berlin. Il y arrive en mars-avril 1821, ayant en poche le manuscrit terminé de sa tragédie d’Almansor, et aussitôt il pénètre dans les cercles littéraires de la cité prussienne. Il a la bonne fortune de faire la connaissance d’une femme merveilleusement intelligente et qui exerçait sur ses amis une fascination puissante : Mme  Varnhagen d’Ense, née Rahel Levin. Admis dans le salon de Rahel, qu’il nommera plus tard sa patronne et à laquelle il dédiera son Retour, le jeune Heine y affine fort vite son esprit et sa langue, au contact des hommes les plus illustres de cette époque féconde en illustrations : Hegel, Humboldt, Schleiermacher, Grabbe, Chamisso. À l’Université, il va entendre Hegel, Bopp et Wolf, et continue, au vif mécontentement de son oncle, à négliger le droit.

C’est durant ce séjour à Berlin qu’encouragé par Varnhagen et Rahel, il se décide à publier ses premières œuvres : en 1822, un recueil de poésies, en 1823 ses tragédies d’Almansor et de William Ratcliff, qu’accompagne l’Intermezzo lyrique. Mais il a beau dédier à son oncle ce dernier recueil, le financier ne se laisse pas apaiser et finit par rappeler le neveu prodigue. Celui-ci obéit et s’en va rejoindre sa famille (mai 1823) d’abord à Lunebourg où son père a pris sa retraite, puis à Hambourg et enfin à Cuxhaven où il prend les bains de mer : c’est à ce dernier séjour que nous devons la Mer du Nord, de même que c’est au voyage à Hambourg que nous devons le Retour.

En janvier 1824, Heine se rend de nouveau à Gœttingue, bien résolu à n’en plus bouger que ses études ne soient achevées. « Je ne veux plus vivre des miettes de la table de mon oncle, » écrit-il bravement à son ami Moser. Il travaille donc à force et, le 20 juillet 1828, obtient enfin ce grade de docteur en droit, objet