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Je croyais en lui qui a créé la belle terre et les beaux hommes qui sont dessus, en lui qui a assigné leur marche aux soleils, aux lunes, aux étoiles.

Quand je devins plus grand, ma chère enfant, je commençai à comprendre bien davantage, et je compris et devins raisonnable, et je crus aussi au Fils ;

Au Fils chéri qui, en aimant, nous a révélé l’amour, et en récompense, comme c’est l’usage, a été crucifié par le peuple.

Aujourd’hui que je suis homme, que j’ai beaucoup lu, beaucoup voyagé, mon cœur se dilate, et de tout mon cœur, je crois au Saint-Esprit.

Celui-ci a fait les plus grands miracles, et il en fait de plus grands encore à présent ; il a brisé les donjons de la tyrannie, et il a brisé le joug de la servitude.

Il guérit de vieilles blessures mortelles, et renouvelle le droit primitif : que tous les hommes, nés égaux, sont une race de nobles.

Il dissipe les méchantes chimères et les fantômes ténébreux, qui nous gâtaient l’amour et le plaisir, en nous montrant à toute heure leurs faces grimaçantes.

Mille chevaliers, bien harnachés, ont été choisis par le Saint-Esprit pour accomplir sa volonté, et il les a armés d’un fier courage.

Leurs bonnes épées étincellent, leurs bonnes bannières flottent. N’est-ce pas que tu voudrais bien, ma chère enfant, voir de ces vaillants chevaliers ?

Eh bien, regarde-moi, ma chère enfant ! Embrasse-moi et regarde-moi ; car, moi-même, je suis un vaillant chevalier du Saint-Esprit.


3

Au dehors, la lune se cache en silence derrière le vert sapin, et dans la chambrette notre lampe flamboie faiblement et éclaire à peine.