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Page:Heine - Œuvres de Henri Heine, 1910.djvu/152

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LA MER DU NORD

(1825-1826)




PREMIER CYCLE

1


COURONNEMENT


Chansons ! mes bonnes chansons ! debout, debout, et prenez vos armes ! Faites sonner les trompettes et élevez-moi sur le pavois cette jeune belle, qui désormais doit régner sur mon cœur en souveraine.

Salut à toi, jeune reine !

Du soleil, qui luit là-haut, j’arracherai l’or rutilant et radieux, et j’en formerai un diadème pour ton front sacré. — Du satin azuré qui flotte à la voûte du ciel, et où scintillent les diamants de la nuit, je veux arracher un magnifique lambeau, et j’en ferai un manteau de parade pour tes royales épaules. Je te donnerai une cour de pimpants sonnets, de fiers terzines et de stances élégantes ; mon esprit te servira de coureur, ma fantaisie de bouffon, et mon humour sera ton héraut blasonné. Mais, moi-même, je me jetterai à tes pieds, reine, et, agenouillé sur un coussin de velours rouge, je te ferai hommage du reste de raison qu’a daigné me laisser l’auguste maîtresse qui t’a précédée dans mon cœur.


2


LE CRÉPUSCULE


Sur le pâle rivage de la mer je m’assis rêveur et solitaire. Le soleil déclinait et jetait des rayons ardents sur l’eau, et les