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le sépare de vous, vous qu’un filet d’eau sépare de Sachsenhaüser.[1]


BAMBERG ET WÜRZBOURG[2]

Dans l’une et l’autre de ces villes jaillit la source de la grâce, et chaque jour y voit des milliers de miracles. On y voit le prince guérir sur le champ les malades qui l’assiègent.

Il dit : « Levez-vous et allez ! » Et, d’une marche preste, on voit s’en aller jusqu’aux paralytiques. Il dit « Regardez et voyez ! » Et les aveugles-nés eux-mêmes voient.

Un jeune hydropique s’approche et supplie : « Thaumaturge, guéris mon corps ! » Et le prince le bénit et dit : « Va et écris ! »

Dans Bamberg et dans Würzbourg, cela fait un spectacle ! On crie bravement au miracle. C’est que le jeune homme a déjà écrit neuf drames.


AUCASSIN ET NICOLETTE
ou
L’AMOUR AU BON VIEUX TEMPS
à J.-F. Koreff.

Tu as étalé un tapis polychrome, sur lequel sont brodées des figures brillantes. C’est le duel de deux races ennemies : le Croissant qui lutte contre la Croix.

Les trompettes sonnent. Le combat se prépare ; ceux qui se sont juré fidélité languissent dans les cachots ; les chalumeaux résonnent dans les champs de Provence ; le sultan s’avance dans le bazar de Carthage.

  1. Les Francfortois ont créé à cette petite ville, qui leur fait face sur l’autre rive du Mein, une réputation de niaiserie. (Note des éditeurs.)
  2. Il est ici question du prince de Hohenlohe, prêtre et thaumaturge, (1794-1849) et du vicomte d’Auffenberg, dramaturge des plus féconds (1798-1857). (Id.)