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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/124

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châtiment de celles qui le poussent. Elles se moquent de lui, et réussissent jusqu’à la fin. Cet horrible mélange de fatalité et de perversité libre qui s’incarne dans les sorcières, semble usurper, dans ce drame épouvantable, la place de la toute-puissance. Les voix horribles parlent et font ce qu’elles disent. Elles promettent et exécutent. Elles savent et elles peuvent. Quand elles ont réussi à exalter Macbeth afin de lui mettre en main le glaive qu’il faut pour de nouveaux crimes, elles le précipitent par la même puissance qui l’a élevé. Il est la chose ; il est le jouet. Elles sont les personnes et les actrices libres du drame.

Et cela va ainsi, ainsi jusqu’à la fin. Le personnage principal, l’acteur vrai du drame, c’est l’enfer en personne, assez dignement représenté. Or ce personnage triomphe et triomphe sans contestation. Il ne devrait apparaître, si toutefois il apparaissait, que pour instruire par le spectacle de sa défaite absolue : le contraire arrive. Il apparaît avec l’esprit de prophétie, avec la science et la puissance. Il apparaît, comme s’il était la Divinité même. On dirait que ces hommes, même forts et méchants, ne sont ni assez méchants ni assez forts pour lutter contre lui, et que le triomphe absolu doit appartenir à la perversité absolue. Macbeth est un homme : il n’est pas assez infernal pour l’emporter définitivement ; la couronne est sur la tête des sorcières.

Et comme tout est noir aux quatre hori-