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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/130

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les faiblesses fatales, elle le protège contre les faiblesses qui pourraient devenir salutaires. Elle le garantit soigneusement contre les tentations de la bonté, de la pitié ou de la conscience. Elle lui met autour de la poitrine l’armure qu’il faut pour tout oser. Elle attribue à la lâcheté toutes les dernières paroles que prononce la conscience mourante de son mari. Elle le prend par l’amour-propre. Elle lui rappelle qu’il faut se conduire en homme. Elle contrefait le courage, et on dirait que l’âme des sorcières entre en elle et continue, dans la vie humaine, l’œuvre qui a été commencée dans la vision infernale.

Cependant lady Macbeth elle-même n’est pas insensible pour demeurer ferme jusqu’au bout. Elle voit une tache de sang. Elle participe un peu aux faiblesses de son mari ; l’horreur la gagne ; ce n’est encore qu’une criminelle humaine. Or l’enfer pur est la seule chose qui, dans Macbeth, gagne la partie. L’homme, quel qu’il soit, est trop faible pour triompher de toutes les épouvantes. Les sorcières sont les seules triomphatrices. Au moment du banquet, Macbeth a reconnu Banco. Il a prononcé des paroles épouvantables. « Autrefois, quand un homme était mort, il était bien mort, c’était fini ; l’histoire est pleine de morts que la terre a gardés. Mais à présent les tombeaux deviennent infidèles, et il nous faudra prendre pour sépulcre l’estomac des vautours.

« Ne me regarde pas ainsi avec des yeux