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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/135

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rencontrer, au sujet de la pureté et du bonheur, une conception qui lui convienne. Le christianisme est plein de vigueur et d’attendrissement, le paganisme est plein de langueur et de dureté. Le premier ne se rencontre pas par hasard, le second se devine et se peint facilement.

Les tableaux de bataille occupent une grande place dans le drame shakspearien. Il y a toujours quelque émeute, quelque révolte, quelque duel. Les armées ennemies finissent par intervenir au milieu des intrigues amoureuses. Si la même chose était faite par un poète inconnu, je crois qu’on oserait la dire très froide et très monotone. Le théâtre peut nous intéresser à un personnage, il ne peut nous intéresser à une nation, à une armée, ou bien il faudra que cette nation soit résumée à nos yeux dans un seul individu. Mais le bruit vague des armes, le tapage d’une armée en marche, est chose froide sur la scène. Le seul effet que cet agent produise, dans Shakspeare, c’est l’augmentation du désordre général, et c’est peut-être à cet attrait que le poète anglais a cédé.

La troisième partie d’Henri IV ressemble assez bien à une de ces anciennes chroniques de bataille où la vie humaine se résume en coups d’épée donnés et reçus ; cependant il y a une différence : la simplicité des chroniques manque entièrement au drame.

La mythologie, l’histoire et la mystique infernale sont mélangés dans Shakspeare avec