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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/137

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Quand il est absolument Lui-même, il incline vers la mystique infernale ; mais, quand il subit l’influence des traditions environnantes, il se prête complaisamment aux féeries dont il a entendu parler. Dans les choses naturelles, il préfère aussi les plus sombres ; mais, quand les circonstances lui en proposent ou lui en imposent d’autres, il se les assimile avec la complaisance qui lui est propre.

Falstaff, déjà nommé et vu dans Henri IV avait plu à Elisabeth, qui voulut revoir ce personnage et demanda à Shakspeare la réapparition de ce bonhomme. Shakspeare fit les Commères de Windsor, et Elisabeth vit réapparaître Falstaff.

Shakspeare aimait à faire trembler, mais il consentait bien volontiers à faire rire. Quant à la nature du rire qu’il excitait, c’est un secret de honte et de dégoût. Mais il s’y délecte avec une complaisance qui montre quelle complicité ces sortes de choses rencontraient en lui. S’il eût agi seulement par ordre, il n’eût pu agir si complètement. Il faut aimer ce qu’on fait pour le faire aussi bien.

La bigarrure qui caractérise l’œuvre shakspearienne s’explique par la multiplicité des éléments qui fournissaient au poète anglais le sujet de ses drames. En général, il n’inventait pas. Il prenait une légende, un conte, s’en emparait et le métamorphosait souvent avec bonheur. L’Angleterre, à cette époque, recevait du monde entier mille récits dont elle était avide, Sous les règnes des Henri et